Bonjour Katia,
Je comprends fort bien que tu ne te sentes pas apte à reprendre un autre chat tout de suite, ça c'est très personnel. J’ai une amie qui a mis plusieurs mois avant de se sentir prête à avoir un autre chat. Puis, du jour où elle s’est sentie prête à adopter, chaque fois que son mari lui demandait ce qui lui ferait plaisir, sa réponse était « un chat ». Sauf que son mari, lui, avait peur de franchir le pas, et faisait la sourde oreille. Leur fils pensait, au contraire, que c’était sa mère qui ne s’en ressentait pas d’avoir une autre petite boule de poils. Quelques temps après lui avoir dit qu’il n’en était rien, mon amie m’a appelée pour m’annoncer une bonne nouvelle : son fils et son amie lui avaient offert, pour son anniversaire et la fête des mères, une petite puce qu’ils étaient allés chercher dans un refuge. Mon amie était heureuse comme tout, et son mari a craqué en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Lui qui s’était juré de ne jamais reprendre un chat... Mais pas sûr qu’elle en reprenne un autre quand celle-ci partira, parce que c’est très dur de les perdre.
Du vivant de Nénette, je n'imaginais pas pouvoir prendre un autre chat. Pour moi, et comme tu le dis, ç'aurait été la trahir, faire comme si elle n'avait pas existé, la rayer de ma vie. J'avoue qu'au début, avec Ying et Yang, c'était difficile. Pas de leur fait, non, ils ont été adorables dès le premier jour, mais parce que je culpabilisais. Quand je rentrais du boulot le soir, j'avais hâte de les retrouver, mais plus je m'approchais de la maison, plus je me sentais angoissée à l'idée de les retrouver. Tout bêtement parce que s'ils étaient là , cela voulait dire que Nénette n'y était plus. Mais une fois à la maison, ça allait mieux car il fallait s'occuper d'eux. Ils n'étaient pas seuls dans la journée puisque ma mère, retraitée, et moi vivons ensemble, mais ils étaient très prenants, très en demande de présence et d'affection. Ça a duré jusqu’à ce que je récupère les cendres de Nénette, jusqu’à ce qu’elle « revienne » à la maison. Ça a été comme si elle avait retrouvé sa place à la maison, celle qu’elle n’a jamais quittée et qu’ils n’ont jamais prise. Et pourtant, au jour d’aujourd’hui, s’il y en a un qui a le titre de « chat de ma vie », c’est Ying. C’est bête, hein ?
J’avais mis très vite quelques photos d’elle en fond d’écran sur les ordis, à la maison comme au boulot. Un diaporama qui, pensais-je, m’empêcherait de l’oublier, et qui lui permettrait, si tant est qu’il existe un autre monde depuis lequel elle pourrait nous voir, de savoir qu’on ne l’oubliait pas. Je ne suis pas croyante, mais ça a été ma façon de déculpabiliser. Ce sont d’ailleurs toujours ces photos d’elle qui sont en fond d’écran.
Penser que l’on « remplace » un chat, ou tout être, par un autre, c’est ce qu’il faut s’enlever de la tête. On ne « remplace » pas un défunt, on apprend à vivre avec son absence, à offrir à un autre l’amour que l’on a encore à donner. La vie continue, même si c’est douloureux. En en aimant un autre, on n’enlève rien au défunt, on offre juste quelque chose à un vivant.
Ma mère et moi, moi surtout, avons surpris tout notre entourage en adoptant aussi vite, car tout le monde savait combien j’étais attachée à Nénette. C’est pour moi que nous avons adopté, c’est moi qui les ai choisis. Je n’ai jamais regretté mon choix, ni d’avoir adopté aussi vite, ni d’avoir choisi ces deux-là . Aujourd’hui, nous n’avons malheureusement plus que Yang, notre fifille. Ying, son frère, mon préféré depuis le premier instant, s’en est allé. J’essaie de renforcer les liens qui nous unissent, elle et moi, bien que ce soit pénible à vivre. Il y a eu une histoire d’amour avec eux deux, il y aura une autre histoire d’amour avec elle seule. Autant d’histoires d’amour qui n’enlèveront rien les unes aux autres, elles seront seulement différentes. Elles n’auront que l’avantage d’avoir existé. Ying et Yang n’ont rien enlevé à Nénette, Yang n’enlève rien à son frère, chacun d’eux a une place dans ma vie et dans mon cœur.
Je respecte les croyances et les choix de chacun. Je pense seulement qu'adopter ou non un autre animal, très vite ou alors plus tard, cela vaut peut-être le coup d'y réfléchir... ou de se lancer sans réfléchir, comme je l'ai fait.
Je te souhaite une très bonne journée. Marie-Catherine |