C'était il y a deux ans, un samedi, le 2 juillet 2011, peu après 17h, Parnelle a été endormie pour toujours, dans mes bras. Ce fut une journée pleine d'espoir au début. Je l'avais récupérée à la clinique où elle avait été amenée la veille, le diagnostic -insuffisance rénale- avait amené le véto à faire une perfusion et envisager un régime. Elle avait bien réagi, il était optimiste et pensait la revoir le lundi pour une nouvelle prise de sang et un prolongement éventuel du traitement.
Ma pupuce était folle de joie quand je suis allée la chercher, elle miaulait et se blottissait contre moi. Dès le retour à la maison, ce fut rapidement l'angoisse puis l'enfer. Elle s'est effondrée en sortant de sa boîte, prostrée, vaincue, parvenant à aller jusqu'à sa litière pour faire son dernier pissou; elle était d'une propreté maniaque et même à l'heure de sa mort elle ne voulait pas souiller la maison. Coup de téléphone, message rassurant de la secrétaire qui suggère de rappeler si au bout d'une heure, elle est dans le même état. Il n'y a pas eu de miracle, de sursaut. J'ai dû la ramener, une petite caresse de sa maitresse handicapée, condamnée à me laisser gérer seul, la boîte, la voiture, par une journée de quasi-canicule, la clinique...
Le véto, sombre, constate un problème respiratoire aigu, lui fait des injections, une radio, et la met sous oxygène. Je suis resté à côté d'elle pendant près de trois heures et tous les sentiments m'ont traversé: l'espoir qu'elle s'en sorte encore une fois (elle a connu bien des soucis et eu bien des accidents), la peur, l'angoisse de la mort, la colère, je lui ai même dit à un moment 'qu'est-ce-que tu fais? Tu veux partir? Eh bien va-t'en alors...' avant de me reprendre et de la supplier de faire un effort et de se reprendre et de ne pas nous laisser. Elle me regardait avec son air des mauvais jours, sans trop souffrir, elle était à la peine et suffoquait de plus en plus. J'abrège mais ensuite est venu le temps où le véto m'a dit qu'il n'y avait plus d'espoir, qu'elle s'en allait et qu'il fallait éviter qu'elle souffre. Je l'ai prise dans mes bras, je l'ai serrée doucement, je l'ai embrassée deux ou trois fois pendant qu'il l'envoyait au pays d'où l'on ne revient pas.
Elle était immobile et j'ai pleuré comme un môme. J'avais vieilli de quinze ans, les quinze merveilleuses années vécues avec cette chatoune extraordinaire étaient passées, en une fraction de seconde...
Le temps a fait en partie son œuvre, nous avons moins de chagrin, nous vivons... mais chaque fois que nous pensons à elle, il y a une fois passée l'évocation des bons souvenirs, ce sentiment amer d'inachevé car nous l'avions rêvée vivant jusqu'à 18, 19 ou 20 ans...
Nous avons notre petite Réglisse, une adorable et belle "écaille de tortue" qui nous tient compagnie et nous fait beaucoup rire, c'est une chance d'avoir trouvé une petite mimine originale après une minouche de caractère comme l'était Parnelle. Ma femme est toujours très malade, sans espoir de guérison et sa Parnelle lui manque cruellement, la chatte avait vécu la lente progression du mal et s'était adaptée, ne quittant les genoux de sa maîtresse qu'à mon retour... Il y a toujours ce sentiment de manque, de vide.
Je ne sais pas si je ferai d'autres récits sur Parnelle, j'ai pourtant de nombreuses anecdotes en réserve mais ça fait des mois que je n'y arrive plus, trop laborieux, trop douloureux. Je reviendrai encore et encore sur ce site, tous les soirs, pour fleurir sa tombe et ce jusqu'à la fin... du site ou bien la mienne. Je reviendrai pour vous lire aussi et déposer quelques bouquets aux disparu(e)s. |