Mon cher Graffit,
Il y a plus de 14 ans déjà, je t’ai recueilli du vétérinaire, et je me souviens comme si c’était hier, que ce dernier m’avait proposé à l’adoption un des trois adorables chatons qu’il avait alors.
Ne sachant lequel choisir, je vous ai tous aligné au milieu du couloir et le premier qui allait à mon encontre était désigné comme acquis. Deux sont partis du côté opposé, toi en revanche, tu t’es jeté sur mes baskets.
Dès lors, nous sommes devenus inséparables.
De ma chambre où tu auras souvent dormi, je t’écris ces lignes du clavier de mon ordinateur, à côté duquel tu aimais t’imposer, en sachant hélas que tu ne les liras jamais.
Mais sache mon Graffit, que ces mots proviennent de mes sentiments, des joies, de ma peine que je ressens en ce moment et je me dis, que peut-être, malgré ton absence, tu peux encore « sentir » mes pensées que j’éprouve envers toi.
Tu as été un chat formidable. Unique. Incroyable de malice, d’affection et de complicité.
Un compagnon fidèle qui, au fil du temps, a appris à me connaître comme moi, j’ai appris à te comprendre.
Tu avais le don de jauger mon humeur à mes gestes et au ton de ma voix, et tu agissais en conséquence. A l’inverse, j’ai décrypté tes pauses et miaulements, et je communiquais alors en fonction de ton caractère.
Nous nous comprenions.
Je me souviens avoir partagé avec toi tous les moments de ma vie que peut offrir un maître à son chat, comme toi Graffit, tu m’as offert tous les moments de ta vie qu’un chat peut offrir à son maître.
Nous avons joué ensemble dans la maison et le jardin, je t’ai caressé, bisouté, nourri, soigné, câliné et parfois malheureusement, je dois le reconnaître… grondé, comme tu m’as aussi griffé, à juste titre, en retour.
Mais nous sommes toujours restés proches et respectueux l’un envers l’autre.
Tu me manques mon Graffit.
Les pièces de ma maison sont ce soir plombées d’un silence inhabituel : tes miaulements pour réclamer ton repas ou de l’affection sont absents. Tu partageais ma vie de célibataire qui maintenant, est plus difficile à supporter sans entendre ton ronronnement, sans pouvoir de nouveau caresser ce pelage doux noir brillant qui recouvrait ton corps.
Lorsque je sortais, j’aimais te retrouver à mon retour et tu me le faisais bien savoir puisque tu m’attendais impatiemment à chaque fois, quelle que soit l’heure.
Mon gros Graffit comme j’aimais à te surnommer bien que tu ne l’étais pas, je te savais malade depuis un mois et demi, gangréné petit à petit par cette tumeur du cerveau.
Malgré les soins prodigués, cette infection t’a littéralement transformé en un chat hagard, ne communiquant plus, te rendant presque aveugle, à certainement t’épuiser à force de déambuler jour et nuit sans repères, percutant des obstacles dont tu te moquais autrefois, te nourrissant de moins en moins.
Ce week-end, je t’ai longuement observé et caressé en pleurant discrètement parce que je t’ai toujours connu vif, agile et prudent.
Je me suis dit que tu cherchais simplement à te reposer mais ton cerveau t’obligeait de tourner sans cesse en rond tel un poisson rouge dans son bocal. C’est impossible à vivre. Impossible à supporter pour toi, pour moi de te voir ainsi.
J’espère que tu réalises combien il m’a été difficile cette décision pénible de t’emmener une dernière fois chez ce même vétérinaire.
J’espère que tu ne m’en veux pas.
J’espère ne pas avoir fauté.
Sur place, tu m’as d’ailleurs entendu lui suggérer une dernière fois s’il n’y avait pas un ultime remède miracle pour te soigner de cette maladie qui t’a lâchement affaibli. Hélas, il m’a avoué qu’aucun traitement t’aurait rendu aussi vivace qu’auparavant. Jamais. Au contraire…
Je suis rentré seul à la maison.
Et je suis profondément triste. En colère.
J’ai froid et je suis affaibli à mon tour de ne plus te revoir.
Je vais me coucher, seul, en remarquant que tu n’es plus en boule au pied du lit.
Malgré la peine qui envahit mon cœur, j’ai un très léger sourire à te savoir enfin reposé au Royaume des Chats. Libre de tout, sans douleur. Probablement bien accueilli par tous les matous et minettes de ce site.
Je t’aime mon beau Graffit et c’est avec des yeux embués de larmes que je te remercie du plus profond de mon âme de ta compagnie durant toutes ces années passées.
Énorme câlin à toi,
Steph.