Chère Mélusine,
J'ai lu ce texte dans le livre d'Anny Duperey : les chats de hasard...
Il permet de saisir une toute petite partie de l'insaisissable dans un deuil : que l'absence d'un chat aimé est grande car ce qu'on a vécu est intense !
"Je ne connais rien de comparable au silence pensif des chats. Il emplit l'atmosphère d'une qualité très particulière. Pour peu que l'on veuille bien s'arrêter un moment pour être à l'unisson avec lui, ce silence devient contagieux. On le voit, lui le chat, éveillé et ailleurs, son beau regard fixé devant lui. On s'assoit là, la main posée sur son dos. Le temps soudain suspendu, on se prend, l'œil perdu dans le vague, à laisser errer son esprit, doucement; Puis, tout à coup, un blanc, une bulle de néant vous a saisi et vous ne savez plus combien de minutes vous êtes resté là, et où vos pensées sont allées divaguer sans contrôle . Puis on revient à la réalité, celle du temps compté, de l'ordre, du raisonnement, on s'éveille comme d'un petit voyage. Où était-on ? On ne saura dans quelle part de soi informulée, inconnue, le rêve du chat nous a entraînés..."
(Anny Duperey, Les chats de hasard).

Bonjour Mélusine !
Tu aimais la lecture comme le chat de ce poème de Théophile Gautier :
"Il adorait les livres et quand il en trouvait
un ouvert sur la table, il s'y allongeait,
grattant de ses griffes les bords des pages,
puis s'endormant profondément
comme s'il avait lu le dernier roman
à la mode."

Pour toi Mélusine, qui n'a pas beaucoup connu la neige lors de tes hivers parmi nous...les nuages où, maintenant, tu es proche, ont-ils de beaux paysages dans la neige fine, ceux d'un éternel printemps ?
Il a neigé dans l'aube rose,
Si doucement neigé,
Que le chaton croit rêver,
C'est à peine s'il ose marcher.
Il a neigé dans l'aube rose,
Si doucement neigé,
Que les choses,
semblent avoir changé.
(Jacques Prévert)

Tous les jours je passe devant l'endroit où nous avons dispersé tes cendres et chaque fois j'ai un pincement au coeur mais je suis heureux de voir que tu reposes dans un lieu fleuri au printemps et peut-être me vois-tu passer chaque jour d'où tu es....

Un autre poème pour toi Mélusine :
L'homme voudrait être poisson et oiseau,
Le serpent voudrait avoir des ailes,
Le chien est un lion désorienté,
L'ingénieur veut être poète,
La mouche étudie pour devenir hirondelle,
Le poète essaie d'imiter la mouche,
Mais le chat,
Ne veut être que le chat,
Et chaque chat est chat,
De la tête à la queue.
(Pablo Neruda)

Vivre et croire
Vivre et croire,
c’est aussi accepter que la vie contient la mort
et que la mort contient la vie.
C’est savoir, au plus profond de soi,
qu’en fait, rien ne meurt jamais.
Il n’y a pas de mort,
il n’y a que des métamorphoses.
Tu ne nous a pas quittés
Mais tu t’en es allé au pays de la Vie,
Là où les fleurs
Plus jamais ne se fanent,
Là où le temps
Ne sait plus rien de nous.
Ignorant les rides et les soirs,
Là où c’est toujours matin,
Là où c’est toujours serein.
Tu as quitté nos ombres,
Nos souffrances et nos peines.
Tu as pris de l’avance
Au pays de la Vie.
Je fleurirai mon cœur
En souvenir de toi,
Là où tu vis en moi,
Là où je vis pour toi.
Et je vivrai deux fois…
Par Père André Marie

Petit poème pour toi, douce Mélusine...
La clé des champs
On a perdu la clé des champs !
Les arbres, libres, se promènent,
Le chêne marche en trébuchant,
Le sapin boit à la fontaine.
Les buissons jouent à chat perché,
Les vaches dans les airs s'envolent,
La rivière monte au clocher
Et les collines cabriolent.
J'ai retrouve la clé des champs
Volée par la pie qui jacasse.
Et ce soir au soleil couchant
J'aurai tout remis à sa place.
(Jacques Charpentreau)

Ta petite soeur,
Aujourd'hui je suis toute remuée en pensant que cela fait 5 mois que Mélisande, ta petite soeur par la taille, t'a rejointe. Elle était restée le plus longtemps possible avec sa nounou. Toi aussi tu as eu jusqu'à la fin ton papachat qui a fait de son mieux pour t'accompagner dans cette transformation que, nous les humains, avons du mal à comprendre.
Vos parents chats ont fait, chacun selon leur situation, le maximum pour vous rendre la fin de vie plus douce : Ton papachat m'avait aidé à faire soigner cette petite Poukette jusqu'à organiser une journée d'enterrement comme l'a montré le site du forum : "Mélisande vous remercie".
Reposez en paix les petites fées !

Ta grande soeur,
Aujourd'hui c'est la fête de Larissa. Ce prénom c'était celui de ta grande soeur, celle de la portée d'environ un an avant celle dont tu faisais partie avec Mélisande. Elle avait de beaux yeux verts émeraude entourés d'un trait d'eye-liner noir. Elle était arrivée très effrayée et se cachait parmi les plantes de l'appartement. Le reste je l'ai expliqué dans le forum "chacun cherche son chat".
Cela c'était il y a 20 ans, plusieurs événements ces temps derniers m'ont fait penser à elle. On n'a jamais su si elle était arrivée avant ou après toi au paradis. Tu l'auras reconnu maintenant car à cette date elle t'a rejointe un moment ou à un autre...
C'est grâce à cette disparition, cette évaporation dans la nature de Larissa recherchée plusieurs semaines matin et soir que nous avions décidé de prendre deux chattes afin qu'elles soient plus rassurées. Lors de la portée suivante, on a eu la chance d'accueillir des amours de minettes en toi et Mélisande qu'on avait repérées parmi les chatons frères et soeurs comme s'aimant déjà bien toutes petites auprès de leurs parents lors de la visite dans la chatterie.

a toi, Mélusine, pour ton cinquième printemps au paradis des félins aimés, partage cette promenade avec Mélisande cette année :
Sentier printanier
Il est un sentier creux dans la vallée étroite,
Qui ne sait trop s'il marche à gauche ou bien à droite.
C'est plaisir d'y passer, lorsque moi sur ses bords
Comme un jeune prodigue égrène ses trésors.
L'aubépine fleurit ; les frêles pâquerettes,
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.
La pâle violette, en son réduit obscur,
Timide, essaie au jour son doux regard d'azur,
Et le gai bouton-d'or, lumineuse parcelle,
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.
Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots.
Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos
Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles.
À rendre riche en miel tout un peuple d'abeilles.
Théophile GAUTIER - " Poésies "

Mélusine, on sent le printemps qui arrive sur notre planète... hier j'ai revu des mésanges bleues dans la forêt au même endroit que l'année dernière et presque à la même date ! Voici un poème qui inspire une danse en rond qui te plairait, toi, petite mine qui était si active :
UNE HISTOIRE A SUIVRE
Après tout ce blanc vient le vert,
Le printemps vient après l'hiver.
Après le grand froid le soleil,
Après la neige vient le nid,
Après le noir vient le réveil,
L'histoire n'est jamais finie.
Après tout ce blanc vient le vert,
Le printemps vient après l'hiver,
Et après la pluie le beau temps.
(Claude Roy)

Les petits génies de tes jardins,
Quand nous partions en vacances à l'ile de Ré, c'était pour partager avec toi Mélusine et ta soeur Mélisande les joies de la nature. Il y avait pour vous de bons génies et de mauvais génies. Afin d'éviter les méfaits de ces derniers, je faisais du "cat sitting" comme le montre, ici, une photo de ton album.
En début de nuit, il y avait les crapauds au fond du jardin pour lesquels tu essayais de faire ami-ami du bout de ton museau, on devait, alors, te suivre pas à pas car ces batraciens possèdent des vésicules toxiques sur leur corps que tu ne devais pas approcher de trop près. Pour Mélisande c'était le jour avec les gros bourdons (cf sa page).
Les bons génies pour toi, c'était, en particulier, une petite souris qui se faufilait le long de la terrasse jouxtant la cuisine. Un jour, tu n'as pas boudé ton plaisir de la suivre du museau sur une petite distance. Tu n'y mettais pas la patte, en respect à ton maître car tu jugeais avec délicatesse que cette habitante pouvait être une de ses propriétés.

Théophile Gautier a écrit dans Ménagerie intime : « On dirait que les chats devinent l’idée qui descend du cerveau au bec de la plume et que, allongeant la patte, ils voudraient la saisir au passage ».
N'est-ce pas, chère Mélusine, que cela te fait penser à ton papachat ?

La nuit tous les chats sont gris
Qui flottent autour du pâle
Berger des chauves-souris,
Sous la lune aux clairs d'opale.
C'est Minet et c'est Matou,
Chattes, chats de toute caste:
Les uns, chatons de Chatou,
Les autres, chats de Bubaste.
C'est matous de tout métier
Et minets de tout salaire:
On y voit ceux de Gautier
Près de ceux de Baudelaire.
C'est maîtres Mitis matois
Et maîtres Mimis aux nettes
Fourrures, ou poils pantois,
Pour leurs maîtresses Minettes.
Mimis-Minets infinis
Et Raminagrobis mythes;
Chats de tous catiminis
Et de toutes chattemites;
Rodilardus, Rodilard,
Papelards, pattes-pelues,
Effroi des rongeurs de lard
Qui sortent des fables lues;
Rodilard, Rodilardus
Qu'on bon La Fontaine émaille;
Chevaliers des tours ardues
Joués à tout ronge-maille.
Terreur des Troglodytés
Sur leurs tapis de Turquies
Et de tous les rats de tes
Batrakhomyomakhyes,
Homère: Méridarpax;
Voleur de portioncule,
Trôxartès et Psykharpax,
Par qui Péléion recule,
De son gris la nuit revêt
Matous de toutes matières
Sur qui veille le civet;
Chatons de toutes chattières,
Chaton encharibotté,
En ribotes où s'emmanche
Quelque peu de Chat Botté
Dans un rien de chatte Blanche;
Chat de la Mère Michel
Près du chat noir d'Edgar Poë,
Tous les chats du plus pur sel
Et ceux de la plus belle eau!
De gris l'ombre décora
Pour ces portiers des portières
Cet agora d'Angora
Qui se tient dans les gouttières
La nuit tous les chats sont gris,
Toutes les souris sont fauves
Chauves-souris et chats chauves,
Chats-chauves chauves-souris!
Robert de Montesquiou, les Chauves Souris
Chatterie

Chanson du chat gris
Heure très belle et très fine
Où le soleil non pareil
Qui décline
Promène sur le mur de longues tresses d'or !
Oh regarde ! Sur le gazon
Devant la maison,
Le chat gris à la queue rayée,
Qui, charmant tigre domestique,
Lève une patte
Délicate
Et joue avec un moustique.
(Louis Codet)

Mélusine, quand tu étais dans le bureau de ton papachat, faisais-tu de la prose ?
"ils se plaisante dans le silence, l'ordre et la quiétude, et aucun endroit ne leur convient mieux que le cabinet du littérateur"
Théophile Gautier

Chat endormi
N'éveillez pas le chat qui dort
Car dans son sommeil il voyage
Beaucoup plus loin que les nuages,
Plus profond que les mines d'or.
N'éveillez pas le chat qui songe
Car c'est sa fonction ici-bas
D'éclairer le chemin des anges
Entre l'ici et l'au-delà.
N'éveillez pas le chat qui pêche
Dans les océans du dedans.
Il capture au sein des eaux fraîches
Les grands poissons phosphorescents.
N'éveillez pas le chat qui chasse
En rêve les rats de la nuit:
Ils nous dévoreraient sans lui,
Le chat qui rit dans ses moustaches.
Marc Alyn

Tu peux verser une larme parce qu’elle est partie,
Ou tu peux sourire parce qu’elle a vécu.
Tu peux fermer les yeux et prier pour qu’elle revienne
Ou tu peux ouvrir les yeux et t’apercevoir tout ce qu’elle a laissé
Ton cœur peut être vide parce que tu ne peux plus la voir
Ou tu peux être comblé de l’amour que vous avez partagé
Tu peux tourner le dos à demain et vivre hier
Ou tu peux être heureux pour demain grâce à hier
Tu peux te souvenir d'elle et uniquement qu’elle est partie
Ou tu peux chérir sa mémoire et la faire revivre
Tu peux pleurer et te refermer, te vider et tourner le dos
Ou tu peux faire ce qu’elle aurait souhaité : sourire, ouvrir les yeux, aimer et avancer.
(David Harkins)

Si tu prends la peine d'écouter dans le courant d'air de la maison, tu peux entendre ma voix qui te dit : « Ne sois pas triste, ne pleure plus mon départ, où je me trouve maintenant, je suis bien ».
Entourée de l'amour de ceux qui m'ont précédée, je ne souffre plus, mon corps me laisse enfin le repos tant demandé, fini le tourment Je me repose sans douleur, sans contrainte
Je te quitte, mais je reste dans ta mémoire, pense à moi souvent, mais ne soit pas attristée par mon absence, je serai partout avec toi, dans les moments de peine, comme dans les moments de joie.
Dans les villes, dans les forêts et dans les plaines, chaque fois que le vent des contraintes de la vie te couvrira, tends les bras vers le ciel, je t'envelopperai de mes ailes pour te réchauffer de mon amour et chasser tous tes tracas.
(vu sur la page de Praline)

CHAT, TU ES MON AMI
Chat, tu es mon ami, mon confident muet,
Tu es la poésie, tu es l’art d’être aimé.
Tu as l’œil perçant au fond duquel scintille,
Le désir envoûtant d’une étoile qui brille.
Cet œil est une Agathe version multicolore,
Il demande l’Amour, l’attend ou bien l’implore,
Tout ton corps se prépare, offert à la caresse,
Aussi tendu de joie qu’une jeune maîtresse.
A peine que ma main ne vienne t’effleurer,
Que tu danses déjà, ne sachant où passer.
Tout ton être me frôle, électrique, impatient,
Recherchant le plaisir traduit en ronronnant.
Il suffit que je te touche et le miracle opère
Tu deviens un enfant, dans les bras du père.
Je te prends contre moi, monte sur mon épaule,
Ta douceur me convient, c’est parti, je te cajole.
Tes griffes sont rentrées, tes pattes sont douces,
Tu rebondis sur moi, comme balle de mousse.
J’arrêterais le temps, sublime instant de paix,
Pour te garder, contre mon cœur, toute l’éternité.
(Gilbert Dumas)